Qui narre le pathos chez Henry et Duras? Enjeux phénoménologiques du "cela" de l'écriture

Producción científica: Contribución a una revistaArtículo de revista revisión exhaustiva

Resumen

Face aux méthodes biographique, sémiotique et herméneutique qui opposent le «moi» de l’auteur, les différentes voix associées au narrateur et le «tu» du lecteur, cet article se donne pour tâche d’aborder d’un point de vue résolument phénoménologique la question portant sur le «qui» de l’écriture romanesque. Pour ce faire, nous étudions la manière dont, dans leurs écrits relatifs au roman et surtout dans leur pratique du langage elle‑même, Michel Henry et Marguerite Duras désignent le pronom démonstratif «cela» comme le mode de phénoménalisation de l’acte de raconter. Nous montrons tout d’abord que ce «là» qui décide du geste même de l’écriture renvoie au Fond de la vie subjective radicale où des forces et des affects désirent s’éprouver et s’accroître – souffrir et jouir de soi – par le biais de leur propre figuration littéraire. Il s’agit ensuite d’inscrire le «cela qui écrit» dans une conception plus générale du langage comme «Parole de la vie» qui, dépassant toute représentation du monde et toute configuration du sens, est à même de «narrer le pathos» sous les formes du cri, de la musique et du corps agissant. Nous affirmons enfin que le ravissement de l’écrivain au profit du Dire de la vie auto‑affective permet de fonder tout récit dans la même histoire originaire des vivants qui réunit «moi», «l’autre» et «le tiers».
Idioma originalFrancés
PublicaciónRevue Philosophique de Louvain
Volumen115
N.º2
DOI
EstadoPublicada - 5 may. 2017

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